Equipe de recherche

Cancer, Métabolisme et Environnement

Rôle du cil primaire au cours de la transdifferentiation neuroendocrine du cancer de la prostate

Résumé :

Le cancer de la prostate est l’un des cancers malins les plus répandus dans le monde, avec 95 % des patients diagnostiqués présentant un adénocarcinome de la prostate sans marqueurs neuroendocriniens. Le cancer neuroendocrinien de la prostate de novo représente un sous-type rare et agressif. Environ 20 % des cas d’adénocarcinome de la prostate évoluent vers le cancer neuroendocrinien de la prostate après un traitement de privation androgénique. Le traitement de privation androgénique bien qu’efficace, peut également induire une différenciation neuroendocrinienne de l'adénocarcinome de la prostate, présentant ainsi un nouveau défi pour le traitement du cancer de la prostate. Bien que de nombreux mécanismes moléculaires de la différenciation neuroendocrinienne aient été décrits, le moment précis de l’occurrence de la différenciation neuroendocrinienne et les facteurs qui la déterminent restent encore largement inconnus.

Le cil primaire est un organite non mobile présent dans presque toutes les cellules humaines. Sa perte est observée dans différents cancers, notamment le carcinome rénal à cellules claires (ccRCC) et le cancer de la prostate. Les recherches antérieures de notre équipe ont identifié un sous-groupe particulier de patients développant un ccRCC qui exprimait le cil primaire et présentait une résistance aux traitements. La présence du cil primaire était caractérisée par la signature GLI1+/IFT20+. Une corrélation a été observée entre la présence du cil primaire et l’agressivité du ccRCC. Étant donné que le ccRCC et le cancer de la prostate sont généralement considérés comme des cancers dépourvus du cil primaire, nous avons émis l'hypothèse de l’existence d’un sous-groupe spécifique de patients développant un cancer de la prostate pourrait présenter du cil primaire, associée à une agressivité accrue.

Nous avons établi plusieurs approches afin d’augmenter le pourcentage de cellules ciliées à la fois dans les cellules prostatiques normales et les cellules semblables au cancer de la prostate dans des cultures cellulaires en 2D ou 3D. Cette augmentation était associée à l'inhibition de la prolifération et de la croissance de la structure en 3D. Notamment, ces approches ont conservé leur capacité à induire la formation de cils primaires, même dans des conditions hypoxiques. Nos résultats ont confirmé la robustesse de la signature GLI1+/IFT20+pour augmenter la formation de cils primaires dans les cellules normales, tandis que cette signature était moins prononcée dans les cellules semblables au cancer de la prostate. Dans un modèle de cellules cancéreuses de la prostate, nous avons découvert que la restauration du cil primaire est associée à la transdifférenciation neuroendocrine du cancer de la prostate. De plus, la régulation du cil primaire est corrélée à l'agressivité du cancer.

Nos recherches démontrent que le cil primaire est présent dans un sous-groupe de patients exprimant un cancer de la prostate plus agressif, tout comme dans le ccRCC. La caractérisation du cil primaire dans la transdifférenciation du cancer de la prostate offre de nouvelles perspectives sur le traitement du cancer de la prostate.

Mots clefs : 

Cancer de la prostate, Cil primaire, Transdifférenciation neuroendocrinienne, YAP1, Hypoxie

Devant le jury composé de :

Présidente :

Pr Catherine MULLER

Rapporteurs/trices :

Dr Philippe BASTIN
Pr Catherine MULLER

Examinateurs/trices :

Dr Amandine ROVINI
Pr Francis VACHEROT

Membre invité :

Dr Matthieu ROULEAU

Directrice de thèse :

Dr Nathalie MAZURE